À 17 ans, beaucoup de jeunes sont comme Théo. En classe de terminale avec option philosophie et histoire. Faire sa vie avec ses amis. Là où tout semble diverger c’est au niveau des compétences manuelles. Théo est un lycéen qui sait prendre en main un stylo mais aussi une épée ou un marteau.

"Mon grand-père était déjà fasciné par le forgeron du village."

Alors qu’il s’entraîne avec sa nouvelle arbalète, Théo s’aperçoit que ses carreaux (les flèches) ne sont pas éternels. Les supérettes n’en vendant pas, il se met en tête de les fabriquer de ses mains.

C’est dans l’entre-deux-confinements, en juillet 2020, que Théo et son père, Patrice, décident de remettre en marche la forge à charbon de leur grand-mère. Tout y est rudimentaire : port de tongs, pas de tablier ni de protections, des mouvements approximatifs.

En suivant le célèbre adage sur les forgerons, il l'est devenu. Les carreaux deviennent vite des lames antiques. Le tout dans un savant mélange de marteau fracassant et de minutie dans les détails historiques.

La manufacture d'armes blanches de Klingenthal, aujourd’hui musée, expose épées, armures et forgerons. Patrice et Théo font des démonstrations publiques de ce savoir-faire oublié. Le papa explique : “Je rattrape quelque chose que je n’ai pas eu avec mon père. Pouvoir partager ces moments père-fils, ça nous remplit de souvenirs.”

Une histoire de reconstitution

En plus de l’univers de l’enclume, Théo s’attache au passé par la reconstitution historique. Ici, pas de polyester. Le cuir de chèvre, le lin et la laine dominent.

Dans sa polyvalence, il sait comment s’informer historiquement et assembler le tout pour ne faire aucune erreur. Il peut alors devenir “un notable de son village au Moyen-Âge ou un bourgeois de la ville de Luxembourg vers 1260”.

Les épées, il sait aussi les manier. Depuis plusieurs années il pratique les Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE). “Si le Béhourd s’attache aux tenues authentiques, les AMHE se concentrent plus sur les techniques et gestes répertoriés”, précise-t-il.

"Je ne sais pas ce que je ferais si
je ne pouvais plus aller aux châteaux"

Au château, Théo est un touche-à-tout. D’abord attiré par des démonstrations de combats en 2019, il s'essaie ensuite à la maçonnerie. Il sait aussi faire profiter les groupes de touristes de son savoir sur les lieux. Savoir qui l’a rendu “indispensable” selon Thierry sur les événements culturels aux châteaux.

Quand un bénévole tombe sur un objet historique tranchant, il sait à qui l’amener. Compas dans l’oeil et crayon en main, Théo croque sur du papier millimétré sa trouvaille. Le but ? En forger une réplique.

"Théo c'est l'avenir"

Et l’avenir pour Théo, c’est dans le milieu de l'archéologie. La faculté de Strasbourg en propose une licence. Lui permettant de perpétuer le lien entre le site d’Ottrott et cette discipline, comme l’a fait le Centre d’Archéologie Médiévale dans les années 1960.

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