L’Alsace se divise en deux département : le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Sur la crête des Vosges s’étendent 80 ruines de châteaux forts. (en beige sur la carte)
La première vague de construction se fait vers le 11-12ème siècle. Un de leurs buts est de garder la plaine alsacienne en se plaçant à des lieux stratégiques (passages, routes de commerce…).
Dans l’imaginaire collectif, tous les châteaux sont comme dans la Loire. Dans leur jus, impassibles face au temps, la force du made in France.
Un imaginaire fantasmé qui ne voit pas plus loin que le haut des Vosges. Car au-delà, on trouve des châteaux délabrés. Debout mais éreintés par les affres du temps.
La guerre de Trente Ans nous l’explique (1618-1648)
Conflit religieux entre catholiques et protestants, il a provoqué des pillages et des massacres dans toute l’Europe.
Les mercenaires allemands et suédois ont mis à feu nombre de châteaux pour éviter qu’ils ne deviennent des poches de résistance.
Traumatisme qui mènera les Alsaciens à l’appeler “Schwedenkrieg”. La guerre des Suédois.
Afin de visualiser l’état vétuste des châteaux d’Ottrott, il faut se pencher du côté des artistes. En prêtant attention aux toiles ci-dessus, il est difficile d’en définir les dates tant les ruines semblent immuables.
Celle du milieu (1781) est séparée de 50 ans des autres (1830). Le comparatif visuel peut difficilement aller plus loin, les représentations se faisant maigres.
Pour mieux comprendre ces châteaux, il faut se les imaginer de leur vivant. Tâche complexe pour le commun des mortels… mais pas pour les bénévoles d’Ottrott.
À force de plonger dans les archives historiques et de s’enraciner devant les murs, Pierre “Pip” Parsy et Raoul Geib, au dessin, ont tenu le pari. Cette aquarelle dévoile une chaleur inattendue pour une telle bâtisse.
À 15 mètres du sol, soit le deuxième étage sur quatre du donjon-palais, une salle d’apparat se dévoile. Pour ne pas biaiser une véracité historique, ils ont laissé la pièce “nue”. Ni meubles, ni âmes.
Le Rathsamhausen est le premier monument qui s’impose aux curieux en pénétrant sur le site.
A la fin du 12ème siècle, le château du Vieux Lutzelbourg périt dans les flammes. Sur les cendres, le seigneur des lieux décide de construire le Rathsamhausen.
Sa verticalité le rend singulier. Celle-ci est dû à son donjon-palais étendu sur 4 étages. Cuisine, logis, défense, tout ce petit monde se répartissait en hauteur. La famille Hohenstaufen y avait installé des proches et des alliés chargés de les représenter et défendre leurs droits.
Pour les plus fins connaisseurs, l’influence du château d’Adrano en Sicile est frappante. Tant dans la verticalité que dans la conception même des étages. Une possible influence des campagnes d’Henri VI en Italie. Ce qui renforce l’idée de confluence des cultures en Alsace.
En continuant de visiter le site, on tombe nez-à-nez avec le Lutzelbourg. Moins d’une centaine de mètres le sépare du Rathsamhausen.
Sa construction s’est faite quelques décennies plus tard (vers 1250-1273) durant le Grand Interrègne.
La proximité des deux bâtisses amènent quelques hypothèses. Ce nouvel édifice pouvait avoir été réalisé pour assiéger le Rathsamhausen. Il peut également s’agir d’un partage familial, étant donné qu’une partie des habitants finit par s'installer dans le Lutzelbourg.
Pour mieux comprendre comment ces deux géants tiennent encore debout en 2024, il faut effectuer un léger saut dans le temps.
Saut qui nous mène en 1857, date de la première campagne de consolidation. Le Rathsamhausen est rénové pour le compte de la famille Scheidecker. 40 années s’écoulent et de 1897 à 1899, l’équipe d’un dénommé Salomon répare de nombreuses brèches présentes dans les donjons.
Les méthodes étaient loin des normes actuelles, à grand renfort d’armatures en fer et de ciment, mais les bénévoles d’aujourd’hui sont reconnaissants du travail. Sans cela, une grande part du Rathsamhausen se serait effondrée.
En continuant notre voyage dans le temps, nous tombons en 1967. À ce moment, le Centre d'Archéologie Médiévale de Strasbourg (C.A.M.S) signe un contrat avec le propriétaire des lieux pour entretenir le site.
Charles-Laurent Salch et Danielle Fèvre lancent la dénommée Opération Taupe. Le but est de procéder à des fouilles pour mieux connaître l’histoire des châteaux d’Ottrott.
Pour voir plus loin que le bout de leurs bras, ils commencent par débroussailler le site inondé de végétation. Pendant deux décennies (1969-1989) ils vont dénicher les secrets enfouis du passé.
2001. Le nouveau millénaire commence et l’équipe prépare les travaux pour réparer une tour du Lutzelbourg. Alors qu’il réalise ses tâches habituelles, un salarié de l’association tombe d’un échafaudage.
La chute est mortelle. Le propriétaire des lieux décide de ne pas renouveler le bail avec l’association et le site ferme pour les 16 prochaines années.
L’espoir renaît en 2015. Les journées du patrimoine donnent l’idée au propriétaire des lieux de s’allier avec des associations locales pour créer un chemin d’accès aux châteaux.
Comme il y a presque 50 ans, une grande opération de débroussaillage a lieu.
Coup de maître. Au moment où le public en entend parler, il décide de se ruer à la hâte pour revoir les colosses de pierres, si longtemps camouflés.
Deux années s’écoulent et les châteaux sentent qu’ils vont retrouver de la compagnie. Les Amis des Châteaux d’Ottrott (Amchott) se forment et décident de rouvrir les portes après 16 ans d’inactivité.
Arbres encombrants, arbustes s’infiltrant entre les pierres, chaos végétal dans le jardin, à la force des bras l’ordre, se rétablit. C’est cette même année que Patrick plonge dans cet univers et rejoint les compagnons.
2019 sonne et l’ancien président, Pierre Parsy, quitte ses fonctions sans nommer de successeur. Contraints d’en trouver un dans les plus brefs délais, les Amchott se tournent vers Patrick. Par son passé dans le monde de l’entreprise et sa capacité à gérer des équipes, il est un des seuls profils à correspondre au poste.
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